mercredi 25 avril 2012

C21 H22... second extrait

Après Fou contre tour, puis Éclipse d'une nuit d'hiver (polars signés Richard Albisser), C21H22... est la troisième enquête de l'écrivaine Jasmina et du capitaine de police Drassir.

Après les quelques lignes ci-dessous, nous vous en révélons un autre extrait!



Résumé

Date: septembre 2008
Lieu: versant Nord-Est de Lille
Décor: sur fond de crise financière

Un couple paisible est retrouvé sans vie à son domicile. Les Autorités concluent bien facilement à un suicide.
Jasmina, l'épouse du capitaine Drassir, ne l'entend pas de cette oreille. Ne serait-ce pas plutôt un acte criminel? Elle s'en ouvre auprès de son mari qui accrédite par commodité la thèse officielle.
Mais les évènements vont se précipiter et donner raison à Jasmina.


Extrait
  Un meurtre ?, repartit Drassir. Il venait tout juste d’ouvrir la porte principale de la salle des fêtes où le club avait ses tables. Il ne donna pas à Jasmina l’occasion de s’expliquer davantage. Mais où tu vas chercher ça ? C’est impossible, voyons ! Et puis Lebrenn a clos le dossier. En ce moment, le mot d’ordre est d’aller serrer les culottes dans les cités. Point barre ! Il avait fulminé sa phrase en trahissant un dépit manifeste. L’évocation du simple nom de Lebrenn en même temps qu’une préoccupation immédiate de se plonger dans son jeu de prédilection, probablement.
   Le commissaire Lebrenn avait remplacé Steg parti à la retraite en juin dernier. Il avait débarqué en mai pour la passation des pouvoirs. Dès le départ, ça n’avait pas fonctionné avec Drassir. Dès la première poignée de mains. Une décharge électrique. L’évidence d’une incompatibilité majeure où seul un maximum de doigté éviterait la guerre ouverte. Lebrenn avait annoncé la couleur dès septembre. Une grand-messe pour faire part de la nouvelle feuille de route. Les chiffres de la délinquance, la déréliction des quartiers, le délitement des valeurs républicaines etc., dixit le nouvel homme fort qui obligerait dès lors ses ouailles non pas à passer du temps dans le dictionnaire mais à mettre de la pression dans les zones chaudes du secteur. À l’époque de Steg, depuis l’antenne assez préservée de Hem, Drassir avait un reporting hebdomadaire, assez relâché du reste, d’une heure, avec son supérieur. Lebrenn à son arrivée avait exigé trois rencontres, doublé la durée et imposé un coup de fil chaque soir pour la synthèse du jour. En même temps, une réorganisation était à l’étude. Fini, l’époque où vous vous la couliez douce, capitaine Drassir, lui avait décoché l’autre en administrant une première douche froide. Et puis, ah oui !, avait-il ajouté, j’aimerais que le nom de MES hommes ne figure pas sur des couvertures de romans policiers, ça fait désordre ! Les pseudonymes, ce n’est pas fait pour les chiens, bon sang ! Là, il y allait un peu fort. Qu’est-ce que ça pouvait bien lui foutre ? Drassir eut le sifflet coupé. Son esprit qui fonctionnait en escalier s’était pétrifié dans l’instant. Il était reparti penaud. Alors, l’envie de convaincre son supérieur hiérarchique d’ouvrir une enquête plus approfondie ne le séduisait pas franchement.
  Est-ce que vous avez au moins retrouvé une trace de strychnine dans la maison ?
  Non, mais leur acte s’est décidé lorsqu’ils étaient encore sur la côte, c’est évident. Ils ont mélangé le poison dans un litre de lait avec le projet d’en finir sur-le-champ dans leur chambre d’hôtel puis un revirement les a incités à rentrer à Hem. Ça ne fait pas l’ombre d’un doute.
  Tu veux dire qu’ils se baladaient toujours avec une fiole de strychnine dans leur sac… ça tient pas la route, voyons ! Elle avait amené cette conclusion sur un ton sec. La mécanique cérébrale du roman policier. Ça lui conférait une position intermédiaire entre son statut d’employée de mairie et celui pour Drassir de capitaine de police. Il aurait pu mal le prendre mais il commençait à en avoir maintenant l’habitude.
  Écoute Jasmina, ça ne peut pas être autrement. Leur suicide n’est pas un coup de tête. Ils en avaient déjà sûrement évoqué la possibilité. Leur relation de couple était probablement fondée sur une certaine…  morbidité. Il avait fait usage de ce mot après un temps d’arrêt qui était celui d’une mémoire qui compulse des possibles et choisit l’expression qui lui paraît la plus adaptée. Celui-ci éclairait la situation sous un jour nouveau et suscita chez son interlocutrice une réflexion immédiate.
  Bon, je te laisse. Désolée de t’avoir retardé. Le ton de Jasmina était légèrement dépité.
  Mais non voyons ! Je comprends que tu sois perturbée en ce moment… Allez, n’y songe plus. Je rentrerai vers 23h… Je t’embrasse. Le clap du téléphone signa la fin de la conversation comme chez un réalisateur la coupure conventionnelle d’une prise de vue. Drassir ouvrait la porte de la main gauche tandis qu’il glissait avec la droite son portable dans la poche de son pantalon après avoir pris le soin de l’éteindre complètement.
à suivre...


Le premier extrait est à découvrir >>>> ICI

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